Trois mots pour décrire les espaces dans la plupart des hôpitaux: UNIFORMITE STANDARDISATION et MONOTONIE
En prenant l’ascenseur, un patient ou un visiteur risque de tomber et se perdre sur un niveau différent de celui auquel il souhaitait aller car tous les étages se ressemblent. Certains patients peuvent ainsi être désorientés par une suite sans fin de murs blancs communs à tous les étages et, ce, dans tout le bâtiment.
En opposition à cela, le modèle unique d’Art hospitalier de l’Hôpital de Herlev près de Copenhague au Danemark est remarquable, étonnant et ingénieux. Il a été réalisé par le grand artiste danois Poul Gernes.
C’était déjà l’un des premiers hôpitaux polychromes au monde. À l’origine, l’artiste Gernes avait été chargé de peindre uniquement le hall d’entrée, mais on lui a ensuite demandé d’ajouter de la couleur à l’ensemble du bâtiment, y compris dans les chambres des patients. Outre la décoration des murs et de l’intérieur, le foyer de l’hôpital comprend 65 peintures individuelles et deux portes pliantes peintes. Gernes a décrit son travail à l’hôpital comme ayant une fonction artistique ainsi qu’une fonction atmosphérique.
Par atmosphérique, Gernes entendait surtout que la couleur jouait un rôle structurel indispensable pour aider les gens à trouver leur chemin et à se repérer dans l’espace. La couleur brise l’uniformité et la monotonie qui sont trop souvent associées aux espaces institutionnels, tels que les hôpitaux.
Les grands espaces uniformes peuvent être incroyablement désorientant, annulant tous les points de repère aidant à la navigation, et paralysant tous les sens. Comme le décrit Gernes, la couleur est un moyen facile de résoudre ces problèmes structurels.
« Je ne sais pas si on me fait croire que je suis dans un cirque ou un jardin d’enfants, me rappelant de joyeux souvenirs d’enfance, et si c’est cela qui fait jaillir des étincelles dans mon cerveau. Ou si ce sont les couleurs elles-mêmes qui frappent mon système nerveux de la bonne façon. Quoi qu’il en soit, cela fait des merveilles sur moi ! » (Témoignage d’un patient de l’hôpital de Herlev)
Lorsque le pouvoir de l’art d’interpeller le public tant sur le plan sensoriel qu’intellectuel est pleinement assumé, sa présence dans les hôpitaux devient le témoignage d’une vision avant-gardiste des soins de santé – une vision médicale du corps comme un corps vécu au-delà de sa simple structure biologique, une entité sensorielle indissolublement interconnectée à son cerveau pensant.
« Les couleurs me réconfortent parce que vous en avez besoin ici. On vit ici des situations très émotionnelles, quand tout est horrible, et qu’on n’a pas envie de continuer. Les couleurs me réconfortent et m’indiquent qu’il y a un monde extérieur où l’on peut trouver ces couleurs, et c’est pour cela que je suis ici. Ainsi, je peux sortir et faire l’expérience de ces couleurs à nouveau, et ne pas rester enfermé ici pour toujours » (Témoignage d’un patient atteint de leucémie à l’hôpital de Herlev)
